Peace, love & connection : bienvenue à la Gentle Generation…

OrdinateurOn a beaucoup écrit sur la génération Y, qualifiée par les sociologues comme ultra-connectée, virtuose dans l’art de jongler avec les médias et adepte d’une consommation de l’instant, mais aussi baignée dans une précarité que les diplômes ne parviennent plus à éviter. Mais peut-être est-elle aussi, et surtout, celle du partage et d’un retour à la raison… 

Si les outils numériques demeurent le symbole essentiel caractérisant la fracture de la génération Y avec la précédente, ils n’en sont toutefois que les révélateurs de ses aspirations et d’une tendance plus profonde de la société. En 1994, alors que le Web balbutiait ses premières pages, la sociologue Pascale Weil révélait une forme de réconciliation entre des concepts traditionnellement opposés dans nos sociétés. Ainsi devenait-il concevable d’associer économie et écologie, bien-être et performance, vies personnelle et professionnelle. La génération montante serait donc celle de la conciliation, moins enfermée dans les dogmes et plus apte à collaborer que ses aînés. Une tendance confirmée par un autre sociologue, Ray Oldenburg, avec l’émergence du phénomène des tiers lieux, profondément ancré dans cette notion de communauté et ce besoin de mutualisation de l’espace et des ressources dont découlent les notions de co-working et d’open-source.

Ouverture et précarité en partage

Au-delà des simples gadgets technologiques, ce qui réunit cette génération est donc cette volonté de partage immédiat de ses expériences, de sa play-list ou de son canapé, exprimée dans le besoin d’échange sans limite des contenus en ligne, dont elle fait un usage massif et libre. Avec pour corollaire un changement de modèle nécessaire pour l’industrie des médias et une remise en question de la hiérarchie et de l’autorité, qu’elle soit parentale, professorale ou politique. La relation est désormais directe, sans intermédiaire, de pair à pair. Cette génération a appris à bâtir sa propre opinion en ligne, à s’accommoder d’une relation virtuelle pour se construire, dans un contexte où les crises économiques succèdent aux crashs boursiers. Car si le numérique réunit cette génération Y, le chômage chronique et la précarité dans lesquels elle est née sont son autre point commun. Devant l’échec des modèles traditionnels et les atermoiements de ses aînés, les « milléniums » ont appris à construire avec les moyens du bord leurs propres repères, en s’affranchissant des anciens.

La fin de l’individualisme ?

La génération Y se caractériserait donc par une forme d’empathie et de sociabilité ; et la valeur ne serait plus issue de la concurrence frontale ni de l’individualisme, mais plutôt de la mise en commun des ressources, d’une intelligence collective que chacun contribue à construire. Et si cette génération n’est largement pas la première à vouloir changer le monde, elle est sans doute celle qui possède les moyens de le faire. Entre co-création, UGC, économie collaborative, crowdsourcing, troc et micro-financement, elle envisage la solidarité comme mode de relation possible pour avancer dans la vie. Une « génération apaisée » qui n’est pas pour autant prête à se laisser marcher sur les pieds, mais pour qui la contrepartie satisfaisante au travail passe d’abord par la réalisation d’un projet collectif et le partage. Même celui des galères.

Pascal Beria

A propos Pascal Beria

Directeur des contenus au cabinet conseil Immerso, rédacteur en chef de la revue "Européens", membre de l'association Kontnü. Entre stratégies de contenus, conception éditoriale et territoires de marques, mon travail porte sur les contenus, leurs manières de s’articuler, de s’adapter à leurs supports, d’interagir avec le lecteur, de véhiculer une image et de donner du sens à un message.
Cet article, publié dans Co, GenY, Société, est tagué , , , , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire